Lieutenant du Corps des Guides des forces du Nord Ouest (PIF) de l'Inde, c’est-à-dire du Penjab (Punjab)


Deuxième sujet du triptyque sur les officiers de cavalerie des Indes Britanniques


Insigne du Régiment

Comme on le verra, cette unité a bénéficié d’une large autonomie, sinon d’indépendance, et ses combats contre les afghans et les pillards de tous poils lui ont assuré une certaine liberté dans les nombreuses tenues qu’elle arborait  aux lointains confins du sous continent. C’est pourquoi on tolèrera un certain panachage ( qui, s’il n’est pas prouvé formellement ne peut être refusé en bloc). En tenue de jour, il devrait porter le casque topee avec le pagri rayé, mais le turban lui va au mieux. On pourra tolérer cette contradiction  par le fait qu’il s’agit d’un officier indigène et non britannique ; ce que confirment ses deux pips de grade ( risaldar) en étoile et non de l’insigne du Bain ( brit.) . De même son kurta brodé sur le devant n’est pas un vêtement britannique. Il en va de même de son sabre à garde pleine et courte . Il s’agit donc résolument d’un officier indigène de l’administration du Gouverneur général Vice Roi des Indes.

 

J’ai voulu dans le même mouvement derrière l’aide de camp du vice roi associer un indigène et un sujet britannique qui, tous deux ont servi la couronne du plus vaste empire britannique de 1858 à 1947.

 

Le Corps des Guides fut donc un régiment de l’armée britannique indienne qui servit à la frontière du Nord-Ouest. Il fut levé à Peshawar le 14 décembre 1846 par le lieutenant Harry Burnett Lumsden, sous les ordres de Sir Henry Lawrence, le Résident britannique à Lahore, capitale  du faible empire sikh .S.R. Hodson , qui devint célèbre par la suite en créant plusieurs régiments célèbres de cavalerie. Initialement composé d’un escadron de cavalerie et de deux compagnies d’infanterie ( montées à dos de chameaux, précurseurs de l’infanterie motorisée …) les guides étaient organisés comme une force particulièrement mobile.

 

Le corps avait reçu l’ordre de recruter :

 

’des hommes dignes de confiance, qui pourraient à l’instant, agir comme guides aux troupes sur le terrain ; hommes capables aussi , de récolter des renseignements au-delà comme à l’intérieur de nos frontières ; et en plus de tout cela prêts à donner et à recevoir de durs coups , soit sur la frontière soit sur un terrain plus vaste. ‘’

 

Ceci étaient des qualités qui deviendraient la signature de tous les guides. Bien que le corps recrute des hommes de tout le pays et même au-delà des frontières de l’Inde, des Pathans ( Pachtouns du Punjab), des musulmans du Punjab, des Sikhs et des Dogras (rajputs d’Inde et Pakistan), ils en formèrent l’ossature .

 

Harry Lumsden était le choix parfait pour entrainer et mener ce corps d’élite :

 

’Il était un homme au fort caractère, athlétique, brave, résolu, calme et plein de ressources face aux dangers, un homme d’une rare compétence et une aptitude naturelle pour la guerre, et possédait en plus, cette influence magnétique qui communique la plus grande confiance et la dévotion à ceux qui doivent suivre. Lumsden défendait le principe que la plus grande et la meilleure école pour la guerre étai la guerre elle-même. Il croyait en l’élasticité qui amène la confidence en soi , et préférait un corps d’hommes instruits pour agir et se battre en utilisant l’intelligence individuelle. ‘’

 

Persuadé que les troupes de combat étaient faites pour le service et pas pour l’apparence, Lumsden avait introduit des tenues amples et confortables couleur de poussière pour la première fois, ce qui devint célèbre sous le nom de Khaki, qui dans les dix ans à venir serait adoptée par la plus part des armées du monde. Cette teinte n’avait cependant rien à voir avec le khaki-caca que certains ont connu. Il ne s’agiy même pas du beige des tenues d’été d’il y a vingt ou trente ans, mais d’un gris beige ( khaki drab) clair mais de couleur ‘’éteinte’’ .

 

En 1859 l’uniforme du corps était entièrement drab, en 1870 il était simplement passepoilé de99999 rouge, en 1905 il était distingué de velours rouge sombre au col et poignets pour les officiers et de tissu rouge pour la troupe. Il revint à l’écarlate plus tard.

 

En 1851, les guides s’établirent à Mardan, qui restera leur foyer jusqu’en 1938.

 

Le corps connut des débuts modestes. Lorsqu’il fut levé à Kalu Khan dans la plaine de Yusufzai, de la région de la vallée de Peshawar.  En 1851le corps des guides fut incorporé à la Punjab Irregular Force , Forces irrégulières du Punjab, qui deviendra plus tard la célèbre Force de la Frontière du Punjab, appelée les Piffers. Les Piffers consistaient en cinq régiments de cavalerie, onze régiments d’infanterie et cinq batteries d’artillerie, en plus du corps des guides. Leur mission était de maintenir l’ordre sur la frontière, une tache qu’il accomplirent avec aplomb pendant cinquante ans. 

 

En 1857 l’unité fut appelée en urgence pour aider à soulager le siège de Delhi. En seulement trois semaines les guides marchèrent environ 1300 kilomètres ( plus de 62 km par jour en moyenne) pendant les mois les plus chauds de l’année, traversant cinq grands fleuves et essuyant plusieurs petits combats. Cette marche coïncidait avec le mois de Ramadan empêchant les soldats musulmans de boire ou manger pendant les heures du jour. A son arrivée à Dehli, la force de 600 guides fut presqu’immédiatement appelée pour se joindre à a défense de la ville, saluée néanmoins par 21 coups de canons. Les hommes qui venaient d’accomplir une marche aussi longue furent lances dans une bataille d’une telle intensité que pas moins de 300 ( la moitié) furent mis hors de combat dans un délai d’une heure après leur arrivée à Delhi.

 

La bataille de Delhi fut le début de la fin de la mutinerie.

 

C’est avant Delhi que Jumma, un bhisti (porteur d’eau) reçut une récompense pour son courage et, demande peu commune en raison de sa caste, les guides signèrent une pétition pour qu’il soit ‘’promu’’ cipaye (soldat). Non seulement cela lui fut accordé, mais il s’éleva  plus tard au rang d’officier. Vingt ans plus tard, il  obtint l’ordre du mérite ( Indian Order of Merit ) pour son comportement à Kaboul. Son dévouement et son abnégation aux combats ont servi de modèle à Rudyard Kipling pour son très beau poème Gunga Din ( prononcer ganga Dine).

 

En 1876, la Reine Victoria récompensa les guides en leur garantissant l’usage du Chiffre Royal, ce qui leur conféra le nom de Queen’s Own Corps of Guides ( corps de guides de la reine) avec le Prince de Galles comme colonel.

 

Lors de la première guerre mondiale, la cavalerie et l’infanterie combattirent séparément .En 1921 ( grande réorganisation de toute l’armée suite aux réductions budgétaires conséquentes de la guerre, mais aussi mise en place des structures plus autonomes de l’Inde en vue d’une indépendance consentie par la couronne), la cavalerie devenant le 10th Queen Victoria’s Own Corps of Guides Cavalry (Frontier Force) ( c’est le titre officiel et complet), alors que l’infanterie rejoignait le 12th Frontier Force Regiment nouvellement créé, pour former les 5th et 10th bataillons du nouveau régiment. La nouvelle répartition de la troupe dans les guides comprenait des musulmans du Punjab, des sikhs et des dogras. Le régiment conserva son uniforme gris beige distingué de rouge. Son insigne était le chiffre ‘’VR’’de la Reine Victoria ( mais la lettre I d’impératrice des Indes avait disparu) à l’intérieur du cercle de l’ordre de la jarretière, le tout surmonté de la couronne des Tudor, et entouré d’un bandeau gravé des mots Queen Victoria’s Own Corps of Guides . En 1927 le titre du régiment changea pour devenir The Guides Cavalry ( 10th Q.V.O. F.F.)

 

En 1947, lors de la partition suite à l’indépendance de l’Inde et la création du Pakistan, le régiment fut versé dans son ensemble dans la nouvelle armée pakistanaise.

 

 

 

 

 

 

Mausolée des Guides du régiment

La Figurine

Comme annoncé précédemment , il s’agit d’un Risaldar, lieutenant indigène, originaire du Punjab. Il est intéressant de noter que les armées des Indes avant la partition de 1947 n’ont pas connu d’incidents interconfessionnels notables malgré leurs origines diverses. Les britanniques avaient eu la sagesse de les regrouper par religion au sein d’une même unité élémentaire. Un escadron musulman, un autre Jat et un autre sikh, par exemple.

 

Il porte le kurta de couleur ‘’drab’’ propre au régiment, distingué au col et aux poignets de rouge sombre ( officier alors que la troupe est en écarlate ). Les broderies blanchâtres, en travers du torse, des grandes boutonnières sont un signe des officiers indigènes ( en souvenir du temps où les insignes de grades n’existaient pas pour eux et seules l’épaisseur et la décoration brodée de ces boutonnières permettaient de les distinguer ). Il porte le ‘’systême Sam Brown’’ en cuir fauve pour transporter son sabre. Ses épaulières en chaine de fer sont cousues sur un fond de laine rouge, couleur régimentaire, et portent les deux étoiles à cinq branches de son grade.

 

 

 

 

 

 

 

Photo de groupe d'officiers indigènes en 1866

 

Ces officiers portent le kurta kaki aux broderies boutonnières claires et larges. On a vu que les diverses origines de clans et religieuses pouvaient servir dans un même régiment, voici un bel assemblage. La gravure de l’article N°1 permettra de reconnaitre l’origine ce certains de ces officiers indigènes et montre clairement la diversité des façons de nouer le lungi.

 

Etant en service, il n’est assujetti ni aux gants ni à la culotte jodhpur blancs, mais des gants marron et un jodhpur beige ( comme la troupe) sont tolérés (pendant la journée ) . Par coquetterie  envers ses homologues britanniques, il porte des bottes droites à l’anglaise ( bottes Saumur pour les français et Wellington pour les anglais). Son sabre légèrement courbe est protégé par un étui de cuir. Le coffret de la cartouchière ( pouch ) , beaucoup trop mince pour contenir autre chose qu’un billet doux, est en bois noir, la patelette le recouvrant est en argent au motif du régiment en relief. Elle est suspendue à l’épaule gauche par une banderole simple de cuir fauve ( cirée comme vernie) avec les chainettes et les épinglettes d’argent

La figurine, de chez Art Girona, peinte par Philippe


                                                                                                                                   Article 2/3 de Philippe Barreaud

 

                                                                                                                                                                                A suivre


Texte et documentations: Philippe Barreaud

                            Mise en page: Alain Barniaud