Né le 25 Avril 1767 à Bar-le-Duc (Meuse), Nicolas-Charles OUDINOT, fils de Nicolas et de Marie Anne ADAM, est issu de la petite bourgeoisie meusienne.
Après des études dans sa ville natale puis à Toul, il s'engagea en 1784, à l'âge de dix-sept ans, dans le régiment de Médoc-infanterie, son caractère ne l'inclinant guère à participer aux affaires de la brasserie paternelle.
Revenu dans sa région trois ans plus tard avec le grade de sergent, il y épousa Françoise-Charlotte DERLIN en Septembre 1789, année où les premiers événements de la Révolution lui fournirent
l'occasion de se révéler.
Le 14 Juillet 1789, une compagnie soldée, formée à Bar, plaça à sa tête l'ancien soldat du Médoc-infanterie avec le grade de capitaine. Ayant montré sa fermeté et son esprit de décision lors de
quelques troubles populaires qui agitèrent cette ville, OUDINOT fut désigné en 1790 comme chef de légion, commandant la Garde nationale du département, puis, le 6 Septembre 1791. A ce titre, il
défendit le château de Bitche, attaqué par les Prussiens, les força à battre en retraite et leur fit 700 prisonniers. Elu à la majorité des suffrages lieutenant- colonel du 3ème bataillon des
volontaires de la Meuse, avec lequel il partit pour la frontière du Nord-Est.
A la suite de sa remarquable défense de Bitche, il fut promu chef de brigade (colonel) le 5 Novembre 1793 et se vit attribuer le commandement de la 4ème demi-brigade, qui venait d'être constituée
avec l'un des plus brillants éléments de l'armée monarchique, le régiment de Picardie. En Décembre de la même année, à l'affaire d'Haguenau il reçut la première d'une longue série de blessures
qui firent de lui le maréchal le plus blessé de l'Empire. Quelques mois plus tard, sa conduite à Kaiserslautern, où il se fraya un passage à la baïonnette dans les rangs prussiens, lui
valut le grade de général de brigade (14 Juin 1794). Il avait alors vingt- sept ans et, comme la plupart des futurs maréchaux de l'Empire, était parvenu à ce grade bien avant le 18 Brumaire. En
Octobre 1795, victime de cinq coups de sabre à Neckerau et laissé sur le terrain, il fut fait prisonnier par les Autrichiens. Enfermé à Ulm, OUDINOT fut relâché après avoir signé, le 23 Décembre
1795, l'engagement suivant : "Je m'engage sur ma parole d'honneur de ne servir contre sa majesté l'Empereur, contre l'Empire ny même contre aucunes des puissances formant la coalition en guerre
avec la France, jusqu'à mon échange consommée. Je promets aussi sous le même serment de me reconstituer prisonnier dans le cas où on jugerait à propos de me rappeler et renonce à mes
appointements à dater du jour de mon départ. Le général de brigade OUDINOT, prisonnier de guerre François" "Fait à Ulm, le 23 décembre 1795"
Libéré l'année suivante à la suite d'un échange contre le général major ZAINIAU, il rejoignit les armées du Rhin et de la Moselle commandées par le général MOREAU. Il servit ensuite en Suisse
sous les ordres de MASSENA, qui le fit nommer général de division le 12 Avril 1799, pendant la campagne d'Helvétie, il se distingua à la prise de Zurich et à celle de Constance, étant alors chef
d'état-major de MASSENA qui le fit nommer général de division (12 Avril 1799).
OUDINOT prit ensuite part à toutes les grandes campagnes du Consulat et de l'Empire, à l'exception de celles d'Espagne et du Portugal. Auprès de MASSENA, il soutint avec l'armée de Ligurie le
siège de Gênes, place qui fut évacuée avec les honneurs de la guerre après avoir permis à BONAPARTE de franchir les Alpes. Lors des dernières opérations en Italie, il s'illustra, notamment par un
fait d'armes personnel en s'emparant avec son état-major d'une batterie autrichienne gardant le passage du Mincio (Décembre 1800). En Février 1805, à la veille de la formation de la troisième
coalition, il reçut le commandement en chef des grenadiers réunis, soldats d'élite qui ne furent bientôt plus connus que sous le nom de "Grenadiers d'OUDINOT" : il remporta l'année même une série
de succès à Wertingen, Amstetten, Vienne et Hollabrünn, puis contribua à la victoire d'Austerlitz. Il rendit de précieux services en 1806 durant la campagne de Prusse, enleva Ostrolenka par une
brillante charge de cavalerie l'année suivante (Février 1807) et se couvrit de gloire face aux Russes à Friedland (Juin 1807). Le 25 Juillet 1808, l'Empereur lui accorda le titre de comte de
l'Empire avec pour dotation le domaine d'Inowaclo (Pologne). A la tête de sa troupe - surnommée " la colonne infernale " tant elle inspirait de crainte dans les rangs ennemis -, il se signala
durant la campagne d'Autriche (1809) à Ebersberg puis Essling.
Quand LANNES fut mis hors combat, l'Empereur donna " le commandement du 2ème corps au comte OUDINOT, général éprouvé dans cent combats, où il a montré autant d'intrépidité que de savoir " ( 23
Mai, 10ème Bulletin de la Grande Armée ). Peu après, il fit des prodiges de valeur à Wagram, où il força la victoire en outrepassant les ordres de NAPOLEON, qui lui donna son bâton de maréchal le
12 Juillet 1809 et le titre de duc de Reggio.
S'il semble bien que l'Empereur voyait, depuis plusieurs années déjà, en lui l'un de ses futurs maréchaux, divers facteurs ont pu venir retarder son élévation à cette dignité : OUDINOT était de
l'armée du Rhin et n'avait rencontré BONAPARTE pour la première fois qu'après l'instauration du Consulat ; républicain affiché, il fit longtemps partie du groupe des généraux "d'opposition" ;
s'il était un meneur d'hommes d'une bravoure exceptionnelle, il n'était toutefois pas un grand stratège ; ses multiples blessures, enfin, le tinrent trop souvent écarté aux moments où se
distribuaient les distinctions.
A l'intrépidité OUDINOT joignait un esprit chevaleresque reconnu de ses adversaires
et, derrière la rudesse extérieure de son caractère, un indéniable savoir-faire qui contribua sans doute à lui faire attribuer certaines missions plus diplomatiques que militaires avant comme
après son accession au maréchalat.
Chargé, en 1806, de prendre possession au nom de BERTHIER de la principauté de Neuchâtel (Suisse) cédée à la France par la Prusse, il s'attira, par son équité et son désintéressement, la
reconnaissance des habitants qui, à son départ, lui offrirent une épée d'honneur et la citoyenneté de Neuchâtel. Gouverneur d'Erfurt, il eut la tâche délicate de veiller au bon déroulement d'un
congrès (Septembre 1808) où étaient conviés nombre de souverains et princes d'Europe autour de NAPOLEON et du TSAR, auquel l'Empereur le présenta comme " le Bayard de l'armée française ".
Lors de l'abdication de Louis BONAPARTE du trône de Hollande, NAPOLEON, ayant décidé d'annexer ce pays à l'Empire, en confia l'occupation à OUDINOT, qui sut concilier dans cette opération (1810)
la fermeté qu'exigeait l'application des ordres reçus, le respect que demandait le sort d'un peuple éprouvé et les égards qu'appelait la situation du frère de l'Empereur.
C'est durant son séjour en Hollande qu'OUDINOT apprit le décès de sa femme dont il avait eu sept enfants. Quelque temps plus tard, le 19 Janvier 1812, il épousa Marie-Charlotte- Eugénie de COUCY,
jeune femme de l'aristocratie de l'ancien régime, qui lui donna quatre autre descendants venant agrandir une famille où le métier des armes fut largement représenté. Tous ses fils embrassèrent la
carrière militaire : l'aîné, Victor, lieutenant des hussards en 1809, chef d'escadron à la fin de l'Empire, reçut en 1849, une fois devenu général, le commandement en chef du corps
expéditionnaire français contre la République romaine ; le deuxième, Auguste, colonel des Chasseurs d'Afrique, trouva la mort durant la conquête de l'Algérie ; le troisième, Charles, fut
lieutenant-colonel d'infanterie et le quatrième, Henri, général de brigade. Deux de ses gendres, Claude PAJOL et Guillaume de LORENCEZ, étaient de brillants généraux de division qui, comme le
maréchal, firent les dernières campagnes de l'Empire.
Chef du 2ème corps pendant la campagne de Russie, OUDINOT remporta plusieurs succès autour de Pulutsk (Août 1812) et montra le plus admirable courage en ouvrant à l'armée le passage de la
Bérézina (Novembre 1812). Commandant le 12ème corps, le 4ème, puis le 7ème et 12ème corps réunis durant la campagne d'Allemagne, il se battit comme un lion à Bautzen (Mai 1813), mais refoulé par
BERNADOTTE à Gross-Beeren (Août 1813) ; il conduisit ensuite avec héroïsme deux divisions de la jeune Garde à Wachau puis à Freiburg (Octobre 1813) et, lors de la campagne de France, fit preuve
d'une remarquable bravoure à La Rothière (Février 1814) et à Arcis-sur-Aube (Mars 1814), où il reçut sa trente-deuxième blessure. OUDINOT fut enfin de ceux qui, étant encore à Fontainebleau le 4
Avril 1814, incitèrent alors l'Empereur à l'abdication.
Rallié au gouvernement provisoire après l'abdication de NAPOLEON , le 20 Mai 1814 le maréchal OUDINOT se vit remettre par Louis XVIII le commandement en chef du corps royal des grenadiers et
chasseurs à pied (ex-Garde impériale), puis fut nommé ministre d'Etat, pair de France et gouverneur de la 3ème division militaire. Durant les Cent-jours, dégagé de ses serments envers l'Empereur
mais non de ceux qu'il avait prêtés aux Bourbons, il fit savoir à DAVOUT, alors ministre de la Guerre, qu'il n'entendait pas " jouer un double rôle ni servir deux maîtres " et souhaitait rester
dans ses terres, ce qu'il confirma ensuite directement à l'Empereur qui l'avait appelé à Paris (Avril 1815) : Conduite royale à laquelle NAPOLEON rendit hommage à Sainte-Hélène. Au retour de
Louis XVIII, OUDINOT devint major général de la Garde royale (8 Septembre 1815), puis reçu le commandement en chef de la Garde nationale de Paris qu'il conserva jusqu'à la dissolution de ce corps
(1827), tandis que sa femme se voyait confier la charge de dame d'honneur de la duchesse de Berry.
OUDINOT, qui bénéficia vraiment de la confiance des gouvernements de la Restauration, fut mis à la tête du 1er corps de l'armée des Pyrénées conduite par le duc d'Angoulême lors de la guerre
d'Espagne (1823) et mena ses troupes à Madrid dans une campagne à caractères plus politique que guerrier. Resté d'abord à l'écart du gouvernement de Juillet, le maréchal vieillissant accepta
ensuite les fonctions de grand chancelier de la Légion d'honneur (1839), puis, trois ans plus tard, de gouverneur de l'hôtel des Invalides, où il s'éteignit le 13 Septembre 1847.
De tous les héros de la Grande Armée, la palme revient certainement à OUDINOT, dont aucun contemporain ne se serait risqué à donner le chiffre exact des blessures reçues de
1795 à 1814. Le maréchal en tenait lui-même la comptabilité minutieuse et avancer un nombre inférieur au sien était de nature à provoquer l'une de ses proverbiales colères. A en juger par son
dossier au Service historique de l'Armée de terre (SHAT), il n'hésitait d'ailleurs pas à se faire communiquer ses états de service et à en corriger les omissions. Ainsi, dès 1795, peu après le
début de l'impressionnante liste, considère-t-il que les mentions " une balle à la tête à Buxvillers, le 6 Frimaire an II ", et " jambe fracassée dans une charge de cavalerie à la prise de Trèves
", sont insuffisantes. Il adresse alors au ministère un certificat attestant " qu'à la suite de la réduction de la fracture, il est resté une tuméfaction considérable des muscles et des malléoles
de cette jambe qui ne lui permet de marcher qu'en boitant ". De plus, pour ce qui est de la première blessure, il sollicite de ses chirurgiens un certificat précisant " qu'il eut un coup de feu à
la partie supérieure de l'occipital avec lésion du péricrâne, lequel occasionne encore aujourd'hui de si violents maux de tête qu'il suffoque quelquefois suivis de vomissements importants "
Le temps passe, durant lequel OUDINOT est de toutes les affaires. Le 24 Vendémiaire an XIII (15 Octobre 1804), nouveau coup d'oeil au dossier, suivi d'une note grinçante adressée au secrétaire
général du ministère de la Guerre, car on a oublié dans l'énumération de ses blessures " une balle à la cuisse, trois coups de sabre sur le bras, un sur le col, une balle à la poitrine, une balle
à l'omoplate ". Observons que, dans ses deux mises au point, il ne s'agit pas pour OUDINOT d'obtenir un congé ou une cure. Il veille seulement à ce que son dossier soit à jour.
Voici la liste officielle figurant à la rubrique correspondante de ses états de service clos à sa mort en 1840, qui ne compte pas moins de 27 blessures :
Balle à la tête à Buxvillers le 6 Frimaire an II. Jambe fracassée à la prise de Trèves.
Cinq coups de sabre à la tête et au corps, balle dans le corps à Neckrau, le 16 Vendémiaire an IV.
Balle dans la cuisse à Ingolstadt.
Trois coups de sabre sur le bras et deux au col à Gampsheim. Balle dans la poitrine près de Zurich.
Balle dans l'omoplate à Schwitz. Balle en pleine poitrine à Zurich.
Balle traversant la cuisse à Hollabrunn.
Jambe brisée et un cheval tué sous lui à Dantzig. Contusions et un cheval tué sous lui à Friedland. Coup de sabre au bras à l'île Lobau.
Balle à l'oreille à Wagram.
Grièvement blessé par un biscaïen à l'épaule à Polotzk. Balle dans le côté à la Bérézina.
Eclat de bois à Plechtenitzow.
Contusion et un cheval tué sous lui à Leipzig.
Les deux cuisses éraflées par un boulet à Brienne. Balle en pleine poitrine à Arcis-sur-Aube.
Balle à la tête à Bar-sur-Ornain le 28 Mars 1814.
Une seconde liste figure au dossier, établie en 1853 en vue de faire accorder à sa veuve une récompense nationale. Elle a sur la précédente l'avantage de placer une date en face de chaque
blessure, mais, pour le maréchal défunt, elle représente l'inconvénient de ramener celle-ci à 22 :
Coup de feu à la tête le 17/12/1793.
Jambe fracassée par coup de feu le 08/08/1794.
Blessé de 5 coups de sabre à la tête et d'un coup de feu le 18/10/1795.
4 coups de sabre et cuisse transpercée par une balle le 11/09/1796. Une balle à la poitrine le 04/06/1799.
Balle à l'omoplate le 14/08/1799.
Balle en pleine poitrine le 25/09/1799. Cuisse transpercée par balle le 16/11/1805.
Jambe cassée par chute de cheval en service le 14/06/1807. Blessé par coup de sabre au bras le 22/05/1809.
Blessé par balle à l'oreille le 06/07/1809.
Grièvement blessé par biscaïen à l'épaule le 18/08/1812.
Blessé par balle dans le côté (la seule où on a ce détail) le 28/11/1812. Les deux cuisses éraflées par boulet le 29/01/1814.
Balle en pleine poitrine (amortie par sa plaque de grand aigle) le 23/03/1814.
Les blessures passant de 27 en 1840 à 22 en 1853, faut-il considérer qu'à la mort de l'intéressé, le ministère a procédé à une révision à la baisse? Ou plutôt que ces listes ont été transcrites
avec une certaine négligence par des rédacteurs qui n'avaient plus dans l'oreille le fracas de l'épopée? C'est cette dernière hypothèse qui est sans doute la bonne, car on observe que certaines
blessures qui eurent pourtant des témoins ne figurent sur aucune des deux listes, alors que d'autres ne se trouvent que sur l'une d'elles.
Ainsi le grenadier PILS, dont le Journal de Marche est considéré avec sérieux, est-il présent lorsque le chirurgien-major LAPIOMONT, à Wagram (1809), panse OUDINOT dont la cuisse droite vient
d'être traversée par une balle. Sans doute cette atteinte n'est-elle pas très grave, et le blessé n'a-t-il pas couru grand risque en exigeant, tout en recevant les soins de son chirurgien, de
demeurer sur place, mais pourquoi ignorer cette blessure-là alors qu'une précédente, au libellé identique - " cuisse transpercée par balle " - figure à sa place sur les deux états? A en juger par
les notes conservées par le chirurgien-major DUMAS, toutes deux se valent. Blessé le 16 Novembre 1805, OUDINOT était de nouveau à la tête de ses
grenadiers le 1er Décembre, veille d'Austerlitz.
Autre désordre du dossier : la blessure par éclat de bois à Plechtenitzow (Novembre 1812) n'apparaît pas sur la seconde liste. Fut-elle insignifiante? Justement pas. Un peloton du premier
régiment de lanciers polonais - avec le chirurgien-major GIRARDOT - vient de rejoindre OUDINOT, blessé par une balle " au côté " lors du franchissement de la Bérézina et qui a été transporté dans
une masure voisine. A peine ont-ils mis pied à terre que les cosaques attaquent. La maison sera finalement dégagée, mais un boulet, la traversant de part en part, fait voler en éclat la pièce où
le maréchal, qui gisait sur un matelas, est de nouveau blessé. Le Journal de marche du régiment polonais mais aussi le baron DENNIEE, dans son Itinéraire de l'empereur Napoléon durant la campagne
de 1812, relatent chacun l'épisode. Autre omission - pourtant de taille - la " balle à la tête " du 23 Mars 1814, présente sur la première liste, est absente de l'autre.
Mais l'essentiel ne tient pas à ces quelques omissions ou variantes, même s'agissant d'une " balle à la tête ". En revanche, la brièveté du temps qui s'écoule parfois entre deux blessures laisse
perplexe et oblige à atténuer la gravité que l'on associe spontanément à l'intitulé de la lésion. Que veut dire " balle à la poitrine " (Juin 1799), alors qu'à peine deux mois plus tard (Août
1799), OUDINOT est à même d'être frappé d'une " balle à l'omoplate ", et quelles séquelles laissent ces deux balles reçues si proches l'une de l'autre dans la mesure où, à peine un mois après la
deuxième (Septembre 1799), il va recevoir - excusez du peu - une " balle en pleine poitrine "? De même, le coup de sabre du 22 Mai 1809 n'a pas du être bien tranchant puisque, le 6 Juillet,
OUDINOT est encore blessé en plein combat, collectionnant ce jour-là une "balle à l'oreille", plusieurs contusions et une cuisse transpercée par un autre projectile. Observons enfin que le
biscaïen reçu à l'épaule le 18 Août 1812 s'accompagne de l'exceptionnelle annotation " grièvement blessé ". Or, trois mois plus tard, c'est la " balle dans le côté " reçue au passage de la
Bérézina.
Blason de Duc
Aussi brave que coléreux, joueur que généreux, OUDINOT, après son refus de se rallier à lui en 1815, n'a laissé à NAPOLEON que des souvenirs d'abandon. " C'est un homme brave, " ma di poca testas
". " Il s'est laissé influencer dans les premiers temps par sa jeune épouse, qui est d'une ancienne famille, et qui a hérité de la vanité et des préjugés de ses ancêtres ".
OUDINOT, comme MARMONT et NEY, eut droit à une rétractation de NAPOLEON: " Je n'aurais pas dû nommer MARMONT ni OUDINOT maréchaux. Ils devaient gagner une guerre ". Mais cette raison était-elle
la bonne ? Car, dans les trois cas, ces maréchaux avaient chacun à leur façon abandonné l'Empereur en 1814 ou 1815.
Un de nos nouveaux membre, oh combien sympatique, s'est attaqué à un très beau buste du maréchal Oudinot.
OUDINOT Nicolas Charles, né à bar le Duc 1767, mort à Paris 1847. Armée du Rhin 1792, jambe cassée à Trèves 1794, Général le ‘ juin 1794. Blessé d’un coup de sabre et d’un coup de feu et
fait prisonnier à Neckerau 1795. Encore blessé de 4 coups de sabre et la cuisse traversée d’une balle à la bataille d’Ingolstadt 1796.
Armée d’Angleterre 1798, du Danube et d’Italie 1799, blessé à Zurich 1799. Inspecteur de la cavalerie en 1801, député en 1803. Grande Armée 1805.
Vainqueur à Wertingen. Blessé à Hollabrunn, combattit à Ostrolenka en 1807. Au siège de Dantzig, servit à Friedland ; blessé à Essling, blessé à Wagram. Maréchal d’Empire en
juillet 1809. Duc de Reggio en avril 1810. Grièvement blessé à l’épaule à la Bérésina. Commandant du 12ème Corps d’Armée en Allemagne
1813. Bataille de Bautzen, battu par son ancien camarade Bernadotte à Gross-Beeren. Blessé à Brienne 1814, ministre en 1814, gouverneur de Madrid 1823, gouverneur des Invalides 1842.
Ses soldats l’avaient surnommé le ‘’ Maréchal aux 35 blessures’’.
Quel homme ! Et si mal connu……
Le buste en question montre notre Maréchal Oudinot arborant 3 décorations.
Celle de chevalier de la Légion d' Honneur, pas de problème pour les couleurs et la symbolique.
Celle de chevalier de l'Ordre de la couronne de fer. Quid ? voir la suite
La plaque de Grand Officier ou de Grand-Croix de la Légion d’Honneur. Cet insigne est complémentaire de la croix (ou étoile) de chevalier ou officier de cet ordre.
Elle a subi des modifications au cours des différents régimes, mais sa couleur de base est restée constante. Celle qui nous intéresse ici est du type 1erEmpire.
Etoile d’argent anglée de rayons. Centre : aigle et légende : honneur et patrie. LE TOUT EN ARGENT.
Les plaques entièrement métalliques sont apparues dans la 2ème moitié de l’empire (avant elles étaient
en tissu brodé). Les titulaires portèrent des plaques d’argent d’un module différent :
104 mm pour les Grand-Croix, 72 mm pour les Grand- Officiers.
Ces plaques sont encore en argent, jamais dorées.
Terminons par l’ordre de la Couronne de fer.
Il fut créé le 5 juin 1805 par Napoléon 1er à l’occasion de son couronnement, avec la couronne des rois lombards (origine Charlemagne), comme roi d’Italie, à Milan, le 23 mai 1805. Le vice roi
d’Italie fut Eugène de Beauharnais, fils aîné de l’impératrice Joséphine. ( le royaume d’Italie n’avait rien à voir avec le royaume de Naples qui revint plus tard à un frère de napoléon puis à
Murat).
Cet ordre fut créé pour récompenser les services exceptionnels civils et militaires rendus au royaume d’Italie, mais Napoléon 1er en élargit l’attribution à de nombreux français, principalement
pour confirmer un témoignage de satisfaction déjà exprimé par la Légion d ’Honneur. Plusieurs maréchaux, de généraux et quelques ministres en reçurent les insignes. Parmi les
chevaliers français, l’ordre fut décerné surtout à des officiers, mais fort peu à des hommes de troupe.
Quand l’empereur d’Autriche reprit possession de ses états d’Italie, il rangea cet ordre parmi les ordres autrichiens et autorisa les titulaires à porter, tout d’abord le ruban sans l’insigne,
puis le ruban avec un insigne modifié (au monogramme F de franz 1er). Enfin, le 1er janvier 1816 , il créa l’ordre de la Couronne de Fer autrichien.
Attribution :
Militaires français : l’ »ordre comprend trois grades : chevaliers, commandeurs, dignitaires.
Le Grand chancelier, à Milan, fut le comte Mareschalchi, ministre des relations extérieures du royaume d’Italie.
L’ordre comprenait des italiens et de très nombreux français.
L’ordre s’éteignit avec ses derniers titulaires, mais en France, Napoléon III fit revivre les couleurs de l’institution impériale lorsqu’il créa en 1851 la médaille militaire, au ruban jaune
(sans la pointe d’orange précédente) à liseré vert.
Insigne :
1er modèle franco-italien : la couronne lombarde surmontée de rayons d’émail bleu pointus. Sur le bandeau de la couronne, gravée la légende : Dio me l’ha data, guai acchi la tocchera (dieu me l’a
donnée, gare à celui qui y touchera).
La couronne est surmontée de l’aigle impérial.
Le ruban : ocre, jaune orangé (assez jaune) moiré, bordé de vert (italien)
Le 2ème modèle autrichien où l’aigle napoléonien est remplacé par celui bicéphale autrichien, et où apparait le monogramme F, avec le vert du ruban qui devient bleu, n’est pas traité ici.
Philippe Barreaud
Figurine VERLINDEN, en trois pièces , résine gris clair. La gravure est excellente, , aucun ébarbage à pratiquer.
La peinture : huile.
J’ai amené ma pièce au club alors que je pensais l’avoir déjà bien avancée. Les conseils et les critiques constructives de mes camarades de club m’ont obligé à de nombreuses retouches délicates
sur une peinture déjà sèche, mais le jeu en valait la chandelle.
La documentation : Excellente grâce aux documents fournis par Philippe, et aux discussions que nous avons échangé lors des réunions peinture. Des spécialistes passionnés m’ont aussi aidé sur des
points de détails qui m’ont amené à des réajustements (médaille de la couronne de fer, épaulettes de maréchal), grâce aux contacts utiles établis lors de la manifestation à Golfe Juan. Mon
grand regret est de ne pas avoir bénéficié de toute cette documentation avant de commencer la figurine.
Point positif : satisfait, malgré tout, du résultat obtenu, bien qu’étant très loin de la perfection et de la qualité professionnelle.
Merci à tous ceux qui m’ont aidé à réaliser cette pièce.
Daniel Romeo