En 1791 fut créée, pour sauver la jeune République, l’Armée française du NORD, pour ensuite en 1795, passer au service de la République batave. Ce corps d’armée sera successivement dénommé
Armée de la République batave, Armée Gallo-batave, Armée de Batavie. Le 23 octobre 1801, il est décidé de la suppression en tant qu’armée, pour devenir « La Division de Batavie (Corps
d’occupation).
Assurée par des troupes de l’Armée de Ligne, la Garde du Président de la République batave ( Louis Bonaparte devenu roi ) est créé le 11 juin 1805. Le régiment de cavalerie, successivement
appelé Dragon, Grenadier à cheval, Cuirassier passe finalement à Hussard.
Dans la dernière réforme de 1809 lorsque les Cuirassiers sont transformés en Hussards, une nouvelle tenue accompagne ce changement. François DUMONCEAU qui rejoint le corps (1810) à ce
moment nous le décrit : « Je fus réintégré en mon rang de 1er Lieutenant à l’ancien régiment de Cuirassier de la Garde qui venait d’être transformé en Hussard, avec costume de chasseur à
cheval, habit rouge à revers pointus, passepoils, collet, parements, gilet et pantalon bleu foncé, les deux derniers galonnés et tressés à la hussarde ; boutons bombés, épaulettes aiguillettes et
ornements en or ou jaune, shako et plumet, ceinturon de sabre, sabretache et buffleteries noires, schabraque et porte-manteau bleu foncé galonné de jaune, manteau bleu de ciel. »
Le 20 mars 1810, un décret impérial daté de Compiègne ordonnait la création d’un deuxième régiment de chevau-légers lanciers de la Garde.
L’origine des chevau-légers est très ancienne. Pendant les guerres d’Italie, c’est-à-dire au début du 16ème siècle, des compagnies de cavalerie légère sont constituées et porteront le
nom de « chevau-légers. » La Maison du Roi comptera dans ses unités des chevau-légers du Roi, de la Reine, du Dauphin. L’ordonnance du 29 janvier 1779 prévoit six régiments de chevau-légers. Ils
seront par la suite licenciés (1788) Sous le premier Empire les chevau-légers vont réapparaître, dotés de la lance, ils deviendront chevau-légers lanciers. Napoléon qui avait remarqué
l’efficacité des cosaques armés de la lance après la campagne de 1809 en dotera les régiments de cavalerie polonaise, pour ensuite l’attribuer au deuxième régiment de chevau-légers lanciers de la
Garde. Le 1er Hussard hollandais est supprimé par décret de Louis Bonaparte (16 juin 1810) alors que l’on s’apprêtait à faire passer le corps dans la Garde hollandaise. Ce régiment n’avait
toujours pas reçu son uniforme de hussard, à savoir un dolman et une hongroise écarlate à tresses jaunes et une pelisse blanche. Il deviendra le noyau du nouveau régiment de la Garde. Napoléon
ayant fait occuper les Pays-Bas par les troupes d’Oudinot ; Louis, roi de Hollande, abdiqua le 2 juillet 1810. Le 9 juillet, Napoléon signa un décret de réunion de ce territoire (sous forme de
département) à l’Empire. A l’appui de sa décision, il invoquait que la Hollande « n’était qu’une alluvion des fleuves français.» L’Armée hollandaise a cessé d’exister. Toutes ses formations
seront incorporées à l’Armée française et changeront de numéros, d’appellations ou tout simplement dissoutes. Un rapport du Comte DARU, intendant général, daté d’Amsterdam du 09 août 1810 nous
informe « les hommes sont beaux, le régiment n’a pas encore l’uniforme à la hussarde.» Le vêtement actuel est un frac à la chasseur écarlate, avec collet, revers et parements de même couleur,
culotte à la hussarde écarlate. Cet habillement est en bon état, les shakos ne sont pas uniformes, les schabraques sont en drap bleu. Un décret prescrivit de conserver la tenue existante en y
ajoutant l’aiguillette à l’épaule gauche et le bouton d’aigle. Ce fut certainement dans des tenues assez disparates que des éléments du régiment se rassemblèrent, au cours d’août 1810, à
Versailles, ville qui restera le lieu de casernement des futurs Lanciers rouges.
L’inventaire du magasin (15 août 1810) nous apprend que des schakos furent distribués et que des buffleteries et gants crispins jaunes complétaient cet uniforme. Le 13 septembre 1810 le 1er
régiment de Hussards hollandais devient le 2ème Lancier de la Garde impériale. Octobre 1810 le régiment est organisé à quatre escadrons dont certains complétés par des Gardes du corps et des
Hussards du 3ème régiment hollandais.
Les lances ne furent distribuées qu’en novembre 1810. En effet une note du Général DAUTANCOURT (alors Major au 1er chevau-légers lancier de la Garde) nous stipule que le « sieur FALLOT »,
Lieutenant adjoint du régiment des Hussards hollandais, qui venait d’être transformé en chevau-légers lanciers, était arrivé au château de Chantilly en compagnie de 8 sous-officiers pour y
recevoir l’instruction pratique du maniement de l’exercice et les manœuvres de la lance, arme totalement étrangère à cette unité.
Une lettre du chef d’escadron Albert de WATTEVILLE, datée du 11 mars 1811 confirme les propos de DUMONCEAU quant au port de l’habillement, à la chasseur, accompagné du gilet bleu. Alors pourquoi
le Comte DARU a-t-il mentionné dans son rapport une culotte à la hongroise écarlate ? Entre temps certains de nos cavaliers avaient-ils reçu une partie de l’uniforme du 1er Hussard hollandais
?
L’organisation se poursuit, l’habillement est achevé pour le 15 août 1811, date anniversaire de la naissance de l’Empereur et jour de grande parade.
Entre le décret de création du 13 septembre 1810 et le 15 août 1811 le 2ème régiment de Chevau-légers lanciers porte encore son ancien uniforme.
Juste pour l’anecdote, le Colonel de BRACK explique dans ses « Notes sur l’arme des lanciers » que l’Empereur ne remarqua pas la taille colossale des Hollandais, qui avant d’être Hussards,
avaient été Cuirassiers. Lorsque le 1er régiment de Hussards hollandais devient 2ème Chevau-légers lanciers, cet oubli provoqua une disproportion entre ces cavaliers sensés être « Légers » et
leurs remontes qui, elles, l’étaient. A titre d’exemple nos hommes mesuraient presque 6 pieds (1m95) pour des chevaux de 4 pieds sept pouces au garrot (1m49). Géricault l’a traduit sur un tableau
connu représentant un Lancier rouge à côté de son cheval.
(L’illustration met en situation un de ces colosses hollandais portant la tenue décrite par Dumonceau en présence de sa monture de petite taille)
texte et aquarelle : Jean Jacques Prévost