Vickers Mk VIc par VULCAN 1/35:
Cela commence à faire un long moment que le hasard a mis entre mes mains la maquette au 1/35 de chez Vulcan du char léger britannique MK VIc. Après de nombreux moments d’avancées plus ou moins visibles, je me suis enfin lancé pour de bon et voilà le résultat.
Premières impressions : c’est petit. Très petit, mais très mignon. Et c’est très chinois ( malgré un agent japonais en passant) . Rien qu’à regarder le nombre, la taille et les branchements des pièces , tringles et ressorts métalliques avec bras articulés en plastique du train de roulement, on a déjà envie de tout envoyer valser. C’est d’ailleurs arrivé avec le jeu des ressorts à comprimer… Chinois !... j’ai dû remplacer les axes des amortisseurs par des bouts d’épingles taillées à la bonne longueur
les
‘’maudits petits ‘’amortisseurs "
Ah oui, ses dimensions ( de la maquette ): L : 12cm, l :6cm, h :6cm …environ. ‘’Il tient dans main, il tient dans la main !!’’
Les pièces : un plastique souple mais assez dur ( heureusement vu la taille des pièces). Une planche de photo- découpe (et là j’aimerais rencontrer le fou furieux qui a pensé insérer des trucs aussi ridiculement minuscules . Inimaginable !). Décalcomanies de qualité. A propos de decals, deux modèles d’unités sont présentés sur la planche .
Un camouflé jaune sable avec entrelacs vert sombre pour suggérer des pierres de la région aride méditerranéenne. Unité unique affectée à la défense de l’île de Crète en 1942 . Ce camouflage particulier ne s’est pas exporté ailleurs. Celui représenté ici est celui d’un MkVIc du 3rd (The King’s Own) Hussars en 1942.
camouflage Crète
Un autre camouflé en bandes vert olive moyen et vert bronze foncé du début de la guerre en France en 1939-40. Affecté à la BEF ( British Expeditionary Force) avec le 9ème régiment de lanciers. C’est le modèle que j’ai choisi.
BEF
Après cette courte mise en jambes, passons au matériel
Les derniers chars légers Vickers d’avant-guerre
Vickers Mk VIc première version
Le char léger Vickers MK VI est l'aboutissement d'une longue lignée de chars légers Vickers des années 1930.La société Vikers construisit de petits véhicules blindés dérivés des chenillettes Carden-Loyd.Le système très particulier de suspension Carden-Loyd était très utilisé pendant l'entre-deux guerres. Très souple et léger, il permettait de bonnes pointes de vitesse aux engins, sans demander une motorisation forte.
Carden était un ingénieur automobile et Loyd, un officier d'artillerie. C'est précisément la version MK VIII de ces dernières qui servit de prototype au char léger Vickers MK I
Vickers Mk VIII.
Vickers avait produit des chars légers de reconnaissance en nombres limités, en fonction des besoins exprimés par l’armée. Cela avait débuté avec le Mk I (1929), puis les Mk II et III ( 1931-34).Puis vint le Mk IV toujours avec un équipage de 2 hommes ( un homme en tourelle et le conducteur) largement inspiré du précédent (1934), et le Mk V qui marqua un réel pas en avant avec un équipage de trois hommes et une carrosserie plus vaste imposée pour recevoir l’armement amélioré de la mitrailleuse lourde Vickers de cal.50 ( 12.7) en plus de la mitrailleuse standard de 7.7 mm. . Le Mk VI fut logiquement basé sur ce modèle, avec un nouveau degré de standardisation qui permit des coûts modérément bas.
Bien que partageant la plus part de ses composants ( caisse, chenilles, train de roulement, blindage et armement) avec le Mk V, le Mk VI sorti en 1935, reçut une tourelle plus vaste, allongée vers l’arrière et capable de recevoir le poste radio N° 7, ce qui ouvrit de nouvelles perspectives tactiques. Son poids à cause de la tourelle atteignit 4900Kg. Il imposa un meilleur moteur. Ce fut un moteur Meadows de 88 Hp , refroidi par air, six cylindres , à essence , et monté sur le côté droit du châssis, servi par une nouvelle transmission ( 5 vitesses avant, 1 marche arrière, boite de vitesses pré-sélectionnées).
Comme pour les modèles précédents, les barbotins étaient à l’avant. La suspension du train de roulement était de type Carden-Loyd, à deux bogies, comme de nombreux véhicules de cette époque ( par exemple le célèbre Universal carrier, autrement dit transport à tout faire connu sous le nom de Bren carrier, nommé ainsi parce que prévu dans toutes ses versions avec un fusil mitrailleur Bren comme arme organique). Ce système permettait une grande maniabilité en tous terrains, mais imposait un tangage important ( un peu le comportement d’une barque par mer forte) qui causait un inconfort certain pour l’équipage et une instabilité de l’engin lors des franchissements d’obstacles à bords francs et en terrain bosselé qui rendait l’acquisition visuelle d’objectifs particulièrement aléatoire et interdisait le tir en roulant
suspension Carden-Loyd
La vitesse maximale était supérieure aux autres modèles, ce qui fut un avantage précieux dans les engagements futurs de la guerre du désert.
Cette variante de temps de guerre fut aussi la dernière version de production de toutes les séries. Le changement principal fut la suppression du tourelleau cylindrique du chef de char, remplacé par deux tapes bombées , avec un périscope pour le chef d’engin. Cette modification provenait du stock d’engins de conception indienne (Indian pattern) importé en Europe, puis en Afrique
Mk VI A avec tourelleau et
2 mitrailleuses .303
Il avait aussi des roues et des bogies plus grandes, trois carburateurs pour le moteur. Le capot avant avait une seule ouverture. La vitesse maximale était de 56 Kmh sur route et 40 Kmh en terrain varié.
L’armement standard consistait en deux mitrailleuses Besa, une lourde et une coaxiale. Sur de nombreux exemplaires une plaque de déflection de projectiles avait été fixée sur le bloc de vision du conducteur.
Cette marque BSA avait acquit ses lettres de noblesse entre 1958 et 1972 dans la production des célèbres motos du même nom , en coopération avec Triumph et Norton.
La mitrailleuse lourde Besa, produite par Birmingham Small Arms Limited ( BSA) était un agrandissement de l’arme commune de 7.92mm copiée d’un modèle tchèque ZB60. Son long canon lui donnait une excellente vitesse initiale. Elle pouvait tirer au coup par coup ou en rafales à un rythme de 450 coups /minute. Cependant elle n’avait pas le punch d’un canon de 20 mm, même lorsque son calibre fut porté à 15mm, aussi sa production fut limitée et déclarée obsolète en 1944. Il est notable que l’arme secondaire, autre mitrailleuse Besa de calibre 7.92 prévue comme coaxiale, ne pouvait tirer en même temps que celle principale de 15 mm.
Le vickers MkVIc au combat
avec la 1st Armoured Division
Ce modèle avait été initialement conçu pour la reconnaissance et la guerre coloniale et beaucoup furent envoyés à l'étranger, en Inde, Afrique et Palestine.Le MK VI à bon marché fut de loin l'un des plus nombreux chars de l'armée britannique au début de la guerre, avec approximativement 1000 en service, comparés aux 79 Cruisers I et II et 67 Infantry Tank I. Il était encore largement utilisé pendant la campagne de France. En ce qui concerne la 1 st Armoured Division, 108 de ses 321 chars, étaient des Mk VI. Il y avait dans la BEF 550 Mk VI et 200 Mk VI B.Chaque régiment divisionnaire de cavalerie comptait 28 Mk VI
Mk VI B du 9th Lancers , 1940
La 1ère division blindée était incomplète lorsqu’envoyée en Franc en mai 1940 sous les ordres du général R. Evans. Elle comprenait la 2ème et la 3ème brigade, le 1er groupe de soutien, mais aucune infanterie, reversée en avril pour former la 30ème brigade d’infanterie. Débarquée le 14 mai 1940 à Cherbourg d’où elle fit route vers la Sarre et passa sous le commandement du général de division P de Fonblanque et elle occupa même un secteur de la ligne Maginot, soit disant pour accoutumer les troupes à la proximité de l'ennemi. Puis et enfin, elle reçut mission de protéger l’évacuation des français et britanniques à partir du secteur Abbeville / Boulogne. elle subit de lourdes pertes en chars pendant la campagne de France. Après s’être battue notamment au sud de la Somme, sous commandement français, elle était restée en permanence isolée des autres formations britanniques. Elle a été évacuée à son tour en Angleterre le 14 mai 1940 où elle est restée stationnée jusqu’au 27 août 1941. Embarquée vers l’Egypte sous le commandement du Major-General Herbert Lumsden, elle y est arrivée le 13 novembre 1941.
Mk VI dans le désert africain
Les opérations de cette partie de la guerre s’étaient montrées désastreuses contre les Panzer II et 38t tchèques aussi rapides et mieux armés. D’environs 400 chars, seulement 6 réussirent à être évacués de France, ce qui laissa le Royaume Uni dépourvu de toute force blindée . Cependant les Vickers Light Tanks montrèrent de meilleures qualités et furent trouvés tout à fait aptes en Afrique du Nord lorsque débuta l’offensive contre l’invasion italienne manquée (opération Compass), où 200 Mk VI du 3rd Hussars et de la 7th Armoured Division formèrent la colonne vertébrale blindée britannique , avec 75 chars Cruisers et 45 Matildas.
Les qualités au tir du régiment furent reconnues ; la plus grande performance provenait du caporal Nicholls du B Squadron ( 9th Royal Lancers) qui fut personnellement félicité par le général B. Montgomery pour avoir mis neuf chars ennemis hors de combat en un seul jour.
Malgré leur faible protection et leur armement de mitrailleuses, ils réussirent très bien contre les véhicules légèrement blindés italiens, par leurs qualités dans les manœuvres d’encerclement contre les italiens en retraite et en faisant de nombreux prisonniers. Les britanniques perdirent de nombreux chars, mais le 2nd RTR ( Royal Tank Regiment) fut particulièrement méritant. Au début de la guerre, au sein de la BEF comme en Egypte, le MK VI fut employé par les britanniques comme n’importe quel char de bataille, bien qu’il n’ait absolument pas été conçu pour ce rôle. Mais la pénurie de chars face aux italiens puis aux allemands les obligea à jeter tous les blindés dans la bataille. Ce qui est un comble quand on se souvient qu’ils furent les inventeurs ‘’au monde’’ de ce matériel vingt trois ans plus tôt et que les allemands ne possédaient que sept engins de leur conception. Les MK VI ne furent donc pas employés que pour la reconnaissance.
Les Mk VI furent opérationnels jusqu’à début 1942 et retirés progressivement du front avec la montée en puissance de l’Afrika Korps. Beaucoup furent envoyés en Grèce où ils formèrent le noyau du 4th Hussars (4th Queen’s Own Hussars) , et en Crète (3rd the King’s Own Hussars) et Malte. D’autres furent envoyés en Iran, en Australie, au Canada et en Abyssinie.
Vickers Light Mk.VI données techniques
Dimensions 4 x 2.8 x 2.26 m
Poids total en ordre de bataille 4.93 – 5.28 tonnes
Equipage 3
Propulsion Meadows 6-cylindres essence, 88 hp à 2600 tours /mn
Vitesse 56 km/h sur route
Autonomie 2 10 km , réservoir 140 l
Armement 2 Mitrailleuses :Vickers (12.7 mm), puis BESA 15 mm (0.59 in)
Vickers 0.303 (7.7 mm)/Besa 7.92 mm (0.31 in)
coaxal
Blindage |
De 4 à 14 mm |
Production totale |
1682 (1936-1940) |
La maquette : identification tactique du char.
Son camouflage : vert bronze moyen à larges bandes irrégulières vert bronze foncé/noir. Peinture assez répandue en début de guerre pour les véhicules de combat de la BEF en France et Belgique.
Mais voyons en détails la signification de chaque marque sur sa coque.
En premier , il appartient au 9th Royal Lancers ; cavalerie légère, reconnaissance blindée.
Dans cette arme, deux systèmes hiérarchiques, un vers le haut et l’autre vers le bas. Le pivot se trouve au milieu avec l’escadron : Squadron. Sur chaque engin on trouve une figure géométrique simple de couleur : A Squadron : un triangle, B Squadron : un carré, C Squadron un cercle. Il faut tenir compte aussi des éléments de commandement qui portent un diamant. Ce diamant est blanc pour le régiment et de la couleur de l’escadron pour le reste. Il y a trois squadrons par régiment.
Au dessus du régiment : la brigade. Dans chacune, trois régiments de chars ( les britanniques disent sabres. Chacun a une couleur que l’on trouve sur les figures des squadrons. Le premier appelé senior est de couleur rouge. le deuxième est de couleur jaune (cette maquette : cercle jaune) . Le troisième, appelé junior, est de couleur bleue. Il se peut qu’un bataillon d’infanterie motorisée soit affecté à la brigade, dans ce cas ses véhicules reprennent les marques de squadron blindé mais de couleur verte.
Il y a deux brigades dans une division. Son marquage est un carré, sur l’avant et l’arrière , côté droit du véhicule. De couleur rouge pour la 1ère brigade, et verte pour la 2ème. Sur ce carré est inscrit un numéro blanc (exple : 50 pour le commandement, 51 pour le régiment senior, 52 pour le deuxième, 53 pour le junior). Ce système n’a pris effet complètement qu’en début 1942. Il était précédé au par avant par un 4 pour la 1ère brigade et un 5 pour la deuxième.
Tout le monde suit ? un exemple concret vient en fin de chapitre…
Pour terminer, les 2 brigades de la même division portent à côté de l’insigne de brigade, sur l’autre bord un insigne personnalisé. Par exemple la 1st Armoured Division montre un rhinocéros blanc ; la 7th AD une gerboise rouge sur un fond en rond blanc (les fameux rats du désert); la 11th AD un taureau noir sur un rectangle jaune, etc.
J’aurai tout dit sur le marquage d’unité lorsque j’aurai précisé que le chiffre de la couleur dans l’escadron est celui du char dans son peloton. Késako ? il y a trois pelotons à cinq chars dans un escadron. Donc le 4 jaune dans un rond jaune signifie 4ème engin dans le 1er peloton au C Squadron. De même : le 12 désigne le 2ème engin du 3ème peloton au C Squadron.
Certains régiments se sont fait attribuer l’autorisation de porter des noms de baptême sur leurs chars, à condition que tous les noms choisis par les commandants d’escadrons commencent tous par la même lettre. D’où le nom Kestrel,( Crécerelle en français) au 9th régiment : K.
L’immatriculation militaire sur les flancs, l’arrière de tourelle et le devant de caisse : T5169 marque un régiment blindé par le T de tank.
La bande jaune /vert/jaune sur le capot est la couleur du régiment ( on la retrouve aujourd’hui sur la ceinture de laine que portent les soldats : stabble belt).
Le 5 noir sur un cercle jaune est le gabarit de franchissement du génie ( pour les ponts).
( cinq vues de la maquette avant salissures d’emploi)
Alors voici venu le moment du récapitulatif :
1ère division blindée ( rhinocéros), 2ème brigade ( carré vert) , 2ème régiment (marquages jaunes), 3ème Squadron ( cercle), 1er peloton et 4ème char ( chiffre 4). Les autres marques sont soit personnelles soit techniques.
Les trois régiments blindés de la 2ème brigade (50):
2nd Dragoon Guards, the Queen’s Bays : (51) senior régiment, rouge
9th Queen’s Royal Lancers : (52) 2ème régiment, jaune
10th Royal Hussars ( the Prince of Wales’s) : (53) junior régiment, bleu .
Bien sûr, la maquette toute propre ne peut représenter en aucun cas l’engin ‘’pour de vrai’’ dans sa livrée de combat. C’est pourquoi j’ai pris la liberté de la vieillir , les anglais parlent de ‘’weathering’’. Les pigments ou la terre à décor m’ont bien aidé.
(4 vues de la maquette ‘’in situ’’ )
Autres informations :
Un petit clin d’œil à la société Historex qui m’a permis de personnaliser un peu le chef de char, Venu d’une autre collection. L’insigne de la casquette se rapprochait de celui du Royal Tank Regiment, alors que le 9th Lancers portait un modèle particulier :
A partir d’une grappe de pièces détachées Historex, j’ai donc osé récupérer les lances croisées d’un tapis de selle surmontées d’une mini-couronne, et la banderole a été découpée dans du papier d’argent. Bien sûr il vaut mieux savoir ce que tout cela représente pour reconnaitre l’insigne, mais …..
Donc, pour conclure, beaucoup de plaisir, et bonne chance à ceux qui s’attaquent à la suspension Carden Loyd …. La récompense viendra pour ceux qui auront été jusqu’au bout, car la qualité du produit est au rendez vous.
Philippe Barreaud, janvier 2019.
Texte : Philippe Barreaud
Photos: Philippe Barreaud
Mise en ligne: Alain Barniaud